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Daisy Box – Un Jour Trop Lisse

DaisyBox a fait son apparition sur le devant de la scène grâce à l’avènement de la radio Oui FM, propulsé par les singles ‘‘Pause’’ et ‘‘45 minutes’’ qui passaient en rotation semi-lourde sur les ondes au cours de l’année 2002. Comme tous les groupes français qui ont percé à cette époque, il leur a fallu se battre contre les accusations d’être des sous Noir Désir et faire face à la concurrence brutale du retour en force du rock anglo-saxon. C’est l’époque des Libertines et des Strokes qui engendrera en France la vague BB Brunes.

DaisyBox est pourtant plus proche de Placebo (cf le maquillage du chanteur dans le clip de ‘‘45 minutes’’). La première chanson de leur premier album fait d’ailleurs diablement penser à ‘‘Pure Morning’’. Ce premier essai est certainement leur meilleur, les chansons sont accrocheuses et le son pop-rock parfaitement maitrisé. On pourrait simplement leur reprocher d’être encore un peu lisses. C’est pourquoi, même si la chanson ‘‘Immobile’’ qui termine l’album (déjà) permet d’entrevoir quelques qualités dans la maîtrise de la tension, leurs deux meilleures chansons se trouvent sur les albums suivants.

Le deuxième album s’appelle Diagnostic, comme celui d’un certain Ibrahim Maalouf qui sortira 6 ans plus tard, même si la ressemblance avec le chef d’œuvre du jazzman libanais s’arrête là. DaisyBox y enchaine une suite de parfaites petites chansons pop mais ils ont perdu une forme d’instantanéité et aucun single ne se détache de l’album. A part les fans de la première heure, le groupe a du mal à rassembler les foules (mais rien à foutre, c’est quand même mon album préféré). ‘‘Un jour trop lisse’’ est la dernière chanson de l’album (encore). Une montée progressive ultra maitrisée vers un son qui déchire vraiment, qui ose enfin se lâcher.

Le troisième album sera le dernier. Les problèmes avec les maisons de disques ayant épuisé les membres du groupe. Les qualités et les défauts de l’album précédent y sont exacerbés. Les chansons sont toutes bien mais aucune qui ne sort vraiment du lot et qui permettrait aux foules de s’enthousiasmer. Pourtant, ‘‘Mythique Cowboy’’ la chanson qui clôt (toujours) est encore une petite merveille de tension maîtrisée et porte en apothéose les textes complètement absurdes du groupe qui jouent plus sur la sonorité des mots que sur leur sens. Mention spéciale aussi sur ce même album à la chanson ‘‘Sourd’’.

eNola – Dunes

D’abord il y a eu Prorata Temporis ; petit groupe de métal qui avait reçu un succès d’estime dans l’Essonne où je faisais mes études et que j’avais croisé en concert dans une salle du coin. Mais lassés des rythmes assommants, les ¾ du groupe décident de passer à autre chose. eNola nait en 2002, comme l’atteste la majuscule sur la deuxième lettre (foutre des majuscules n’importe où était très à la mode à l’époque : dEUS, AqME, AaRON etc…). Du métal, ils vont garder des ambiances mélancoliques voire vénéneuses et une science de la dynamique. Mais ils ralentissent le tempo et éclaircissent les voix. Pas de passage sur les ondes pour ce groupe mais le renouveau de l’intérêt pour le genre fait que les salles de concert leur ouvrent leurs portes. On les retrouve fin 2002 avec l’album Figurines qui essuie à son tour les problèmes de la comparaison avec Noir Désir et les cousins anglo-saxons.

Une nouvelle fois pourtant, le son est impeccable, faisant taire tous les grincheux et les textes ultra travaillés en français font appel à une toute autre forme de poésie que ceux de Cantat. Seule ombre au tableau, une propension à aller un peu trop chercher les aigus en fin de vers. Ca faisait cool et romantique à l’époque mais depuis la déferlante émo et Twilight ça le fait beaucoup moins. eNola disparaitra un peu trop vite. Là encore, la mauvaise organisation des maisons de disques françaises privera le groupe de suite. Le chanteur et parolier continuera sous le nom d’Arman Méliès à distiller sa poésie et finira par écrire pour Julien Doré (Snif !!!).

Dès les premières chansons de l’album, l’ambiance est posée : de la power-pop léchée avec une poésie un peu surréaliste. L’album varie comme il faut en ajoutant un final électrique par-ci, une balade douce par-là. Un duo vient aussi agréablement surprendre au deuxième tiers de CD. Il y a une vraie recherche de continuité d’une chanson à l’autre tout en cherchant toujours à surprendre l’auditeur. La chanson ‘‘Sentinelles’’ aurait pu faire un excellent single à mon avis.

Eiffel – Douce Adolescence

Contrairement à ce qu’on pense souvent, la scène rock française est d’une étonnante richesse. Seulement après la folie des sixties, la déferlante de seventies et le punk des eighties, les années 90 se sont retrouvées bien vides musicalement parlant. L’enchainement Chirac-Tibéri à la mairie de Paris avait asséché la vie nocturne de la capitale et l’explosion grunge ne trouva pas d’équivalent en France. A part Noir Désir, il n’y a pas eu grand monde pour porter le flambeau. Alors quand la nouvelle vague anglo-saxonne de « garage-rock » est arrivée (symbolisée par tous les putains de groupes en « The »), la presse et le public vont désespérément chercher l’équivalent français. Le contexte était idéal en Île de France : sous l’impulsion de Delanoë, Paris rouvrait ses petites salles et ses festivals et la radio Oui FM se lançait dans le rock jeune.

On a bien trouvé des réussites dans le métal (Gojira, AqME), le « nu-métal » (Enhancer, Pleymo), le rap-rock (Svinkels, Stupeflip), même le rock-variétoche (Bénabar, Delerm et l’autre sagouin avec sa mèche et ses yeux de chien battu), rock-celtique (Matmatah) et le rock-musette (Têtes Raides, Peuple de l’Herbe). Le camp électro était en surchauffe et sa frange rock n’était pas en reste (Prohom, Mr Oizo). Mais le rock français, le vrai, le pur, le dur, tout le monde le cherchait. Personne ne savait vraiment à quoi il devait ressembler d’ailleurs et l’on s’écharpait gentiment entre tenants du retour aux sources punk, ceux qui voulaient suivre les anglos dans leur retour vers le futur ego tripesque qu’ils appellaient « garage-rock », ceux qui pensaient que de toute façon le rock est mort (surtout le français) et tous les autres qui surtout attendaient. Les deux seules choses sur lesquelles tout le monde s’accordait c’est que Noir Désir est insurpassable et ne doit pas être imité et que tous ceux qui appellent à la reformation de Téléphone méritent des baffes.

Les héros vont s’enchainer : Mass Hysteria, Dolly, Matmatah, Silmarils, Deportivo, Louise Attaque, Luke, BB Brunes etc… (dans le désordre et en en oubliant plus que de raison) seront chargés tour à tour de relancer la machine. On a même cru qu’un groupe comme Kyo (non, pas de lien pour Kyo, déjà j’en ai mis un de BB Brunes et Luke alors faut pas abuser !) pouvait être l’avenir du rock français. C’est dire l’état de désespoir dans lequel on pouvait baigner. Mais les rouages ne tournaient pas bien au début des années 2000. Les salles commençaient à peine à rouvrir et devaient faire face à la fronde des gens qui voulaient dormir le soir (les cons). Les circuits d’édition et de distribution indépendants étaient à recréer et l’arrivée d’internet bouleversait le schéma traditionnel. Bref la tâche n’était pas facile et tous s’y cassèrent la gueule.

Etrangement, sur cette même période la France se fit pourtant découvreuse des talents de Ben Harper, Muse, Placebo et tant d’autres qui finiront par marquer la scène internationale. Alors pourquoi les groupes français n'ont-ils pas décollé ? Certainement pas par manque de quantité ni par manque de qualité (à mon avis). Je n’ai toujours pas de réponse mais le fait est que personne n’a encore repris le flambeau et ça dure depuis presque 20 ans. La disparition de « Boucherie Productions » de François Hadji-Lazaro qui avait mis sur pied Mano Negra, Pigalle, Les Garçons Bouchers, Paris Combo, les Roadrunners etc… faisant figure de chant du cygne des labels alternatifs en France. L’expérience éphémère de la « Team Nowhere » a donné des raisons d’espérer qu’au moins une structure pouvait se mettre en place à défaut de mettre tout le monde d’accord musicalement. Mais même ça c’était apparemment trop demander. Des groupes novateurs continuent régulièrement d’électriser la scène (Shaka Ponk et Fauve récemment) mais aucun n’arrive à durer suffisamment pour lancer un mouvement.

On y a passé des heures et des heures à la fac à éplucher les magazines, à s’échanger les EPs et les enregistrements sur Mini-Disk des groupes dénichés par-ci par-là et à discuter de leurs qualités et défauts. Je me suis arrêté quand on a commencé à s’échanger les mp3. Alors je ne vais pas vous ressortir pourquoi je pense que le groupe Eiffel aurait dû être ce chef de file, pourquoi Romain Humeau aurait dû être le nouveau Hadji-Lazaro. Je dirais simplement que je ne comprendrais jamais pourquoi la chanson ‘‘Douce Adolescence’’ n’a pas été l’hymne d’une génération. Peut-être parce qu'elle n'a été qu’une chanson de scène, l’occasion de rappels déments de dix minutes dont l’énergie n’a jamais été retranscrite sur CD (sauf sur le l’album live, mais ce n’est jamais complètement pareil). Il n’y aura donc pas de lien pour celle-ci. Fallait être aux concerts !

Tag(s) : #Zique
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